Garry Marshall, le créateur de Pretty Woman, un des rois de la comédie romantique
Par Albertine Gentou
Le nom de Garry Marshall en France, en Europe, dans le monde entier est associé à Pretty Woman, son plus énorme succès de réalisateur. Sa réussite incontestable vient d’un long parcours entre petit et grand écran. Le parcours passionnant d’un homme de cœur, prompt à défendre ses valeurs et à promouvoir une certaine idée de la vie. Une vie magnifiée par l’amour… et les comédies romantiques.
Garry Marshall, le réalisateur qui a fait de la comédie romantique un genre majeur
Avec les quelques 460 millions de dollars remportés par Pretty Woman au box-office, Garry Marshall a imposé sa touche et a multiplié dès les années 1990 des succès qui sont désormais des classiques du genre :
- Pretty Woman
- Just married (ou presque)
- Frankie et Johnny
- Valentine’s day
- Happy New Year
Cinq titres marquants parmi une vingtaine, certes ! Mais résumer la carrière de Garry Marshall à cette liste serait réducteur d’autant qu’elle prend son envol dès les années 1970. Alors pour apprécier cette success-story, je vous invite à remonter le temps.
Garry Marshall, un enfant du show business
Garry Marshall, de son vrai nom Garry Masciarelli, est né en 1934 à New-York dans le Bronx. Son père, d’origine italienne, se fait connaitre comme réalisateur de films institutionnels sous le patronyme d’Anthony Marshall. Sa mère, professeur de claquettes, dirige une école de danse. Ses deux sœurs Penny Marshall, Ronny Hallin, deviendront productrices et réalisatrices de séries télévisées. Penny épousera même Rob Reiner, le célèbre réalisateur de Quand Harry rencontre Sally et du Président et Miss Wade. Mais n’anticipons pas… Ainsi Garry baigne depuis son plus jeune âge dans le milieu artistique.
Son union avec Barbara, son épouse depuis 1963 jusqu’à sa mort en juillet 2016, donne le jour à trois enfants et six petits-enfants. Notons que Barbara a joué dans Fashion maman, Happy New Year et Joyeuse fête des Mères.
Ainsi quand Garry Marshall réalise des films aux happy-ends où les amoureux se marient pour toujours, il sait de quoi il parle. Cela correspond à son mode de vie et à l’idéal dont il rêve.
Comme il se plait à le répéter : « Il y a plus dans la vie que dans le show business » ! Un show business qui, paradoxalement, l’a vu grandir et l’a façonné.
Garry Marshall, le grand homme du petit écran
Garry Marshall commence dans le métier comme acteur dans les années 1960. Avant il a été journaliste et batteur : « J’étais tout. Je ne savais pas ce que j’étais », raconte-t-il dans une interview au Los Angeles Times.
Très vite, il écrit des blagues pour des comédiens de stand-up ou des sketches pour des émissions de télévision dont le célèbre The Tonight Show. C’est Jack Paar qui l’a embauché. « Avec Jack Paar, le travail était très spécifique – pas de confusion possible. Vous veniez chaque jour. Vous écriviez cinq pages de blagues. Vous rendiez votre copie… La pression était d’écrire ces cinq pages… Et là, je me suis dit : ‘c’est ce que je veux faire’ », confie-t-il dans la même interview.
En parallèle, il développe des séries télé. En 1970, The Odd Couple est nommé dans plusieurs catégories pour les Emmy Awards.
Entre 1974 et 1984, Garry connait un triomphe mondial avec la série culte Happy Days en tête de toutes les audiences. Cette série de 255 épisodes de 24 minutes brosse le portrait idéalisé de l’Amérique des années 1950 et 1960. Elle se repose sur les thèmes de l’amitié, le courage, l’amour, la loyauté.
Pour l’anecdote, il a écrit le scénario du premier épisode avec son beau-frère Rob Reiner.
Garry Marshall, découvreur de futures stars
Ron Howard doit beaucoup à Garry. En effet, c’est en regardant le pilote de Happy Days que George Lucas fait appel à l’acteur pour American Graffiti, son deuxième long-métrage.
En 1978, grâce à Mork & Mindy, la série de science-fiction, Garry fait débuter dans le rôle d’un extra-terrestre délirant Robin Williams qui connaitra par la suite une reconnaissance fulgurante.
Dix ans plus tard, passé derrière la caméra, Garry donne sa chance à Julia Roberts en faisant d’elle Pretty Woman.
En 2001, la débutante Anne Hathaway se voit propulser à son tour dans la lumière par le réalisateur. Grâce à lui, pour Princesse malgré elle et Un mariage de princesse, elle partage la tête d’affiche avec Julie Andrews.
Garry Marshall, homme de cinéma
Garry Marshall se lance dans le cinéma dans les années 1982.
En 1990, il prépare son septième long-métrage : Pretty Woman.
Le scénario de J.F. Lawton (le fils de l’écrivain Harry Lawton, auteur de Willie Boy dont fut tiré le film avec Robert Redford) connait plusieurs versions. La société de production s’en mêle… L’histoire se précise et prend sa forme définitive.
Contre l’avis de certains, Garry engage Julia Roberts qui devient son actrice préférée. Il va lui offrir de chouettes rôles dans Just married (ou presque) en 1999, Valentine’s Day en 2010, et Joyeuse Fête des mères en 2016.
La Marshall Touch : un cocktail de réalité sociale, de féerie et de romance
En 1991, un an après Pretty Woman, il signe Frankie et Johnny, une histoire d’amour mélodramatique dans laquelle il dirige Michelle Pfeiffer et Al Pacino. Pour eux, il revisite (une nouvelle fois) le mythe de Cendrillon. Une pauvresse moins glamour que la précédente. Les amoureux aux cheveux gras travaillent dans un diner. Anyway. C’est ce casting là que souhaitait initialement Marshall à la place de Roberts et de Gere.
Dans ce long-métrage plus intimiste, Garry se fait plaisir : il joue à fond la carte du mélo et le misérabilisme de ses protagonistes. Avec sa notoriété, il peut désormais tout se permettre. Cependant, en bon vieil artisan du métier qui connait les préférences de son public, il revient à des choix plus populaires, comme on dit en France.
Pour Just married (ou presque), le réalisateur reforme le couple de Pretty Woman. Le film bien que charmant et assez drôle aurait sans doute gagné à être plus court. Il est parfois dur de refaire une recette avec les mêmes ingrédients. Certaines critiques le boudent. Le film est un succès mais n’accède pas aux cimes atteintes par son aîné.
Moi, bon public, j’ai vraiment apprécié surtout dans son approche de l’amour « vache ».
Après ce long-métrage, Garry Marshall vise une audience plus familiale.
En 2001, il choisit Anne Hathaway pour interpréter Princesse malgré elle et en 2004, Un mariage de princesse. La même année, il poursuit avec Fashion Maman. Trois ans plus tard, avec Mère-fille, mode d’emploi.
Pour Garry Marshall, l’existence est en adéquation avec son œuvre
En 2010, quand il se lance dans les films-chorale, Garry Marshall réunit une équipe grandiose avec Julia Roberts, Jessica Alba, Anne Hathaway, Jennifer Garner, Bradley Cooper et Ashton Kutcher pour nous offrir Valentine’s Day, un petit bijou sensationnel.
Une pléiade de stars sont vus rejoindre ses acteurs fétiches. Ça brille de partout ! L’histoire ressemble à un tour de manège où chaque personnage exécute son numéro et livre ses espoirs et ses sentiments dans leur confusion, juste l’espace d’un jour. Un bijou, vous dis-je. Et si le film n’est pas un succès critique, il l’est commercialement. Tout comme ses deux derniers films.
En 2011, Happy New Year reprend l’idée d’un périple cinématographique en 24 heures. Fini le 14 février, date de toutes les fiançailles, nous voici à la saint Sylvestre, un autre moment clé de l’année, un jour où se fondent les résolutions, les ruptures, les grandes décisions. Pour l’occasion, même Robert de Niro et Halle Berry sont de la partie. Toute la troupe d’acteurs suscite l’engouement déjà éprouvé lors du précédent opus. Un délice ! Malgré des critiques pas toujours unanimes, loin s’en faut.
« J’ai été descendu sur le dernier mais il a fait 146 millions de dollars à travers le monde », confia à ce propos le réalisateur au New York Times.
En 2016 arrive Joyeuse Fête des mères. Cet ultime film raconte le parcours de femmes en couple ou séparées, amoureuses, courageuses, maladroites, touchantes. Garry Marshall s’éloigne de la comédie romantique… Il n’y a rien à dire. Sinon à exprimer le regret que notre homme de cinéma a pris un ton plus grave pour tirer sa révérence en cette année 2016. Sans doute avait-il mis le point final au message qu’il voulait délivrer…
Garry Marshall, une figure patriarcale qui fait partie de nous ses complices
Demeurent à présent des films qui nous impactent le cœur et nourrissent nos émotions. Des images en mémoire que nous regardons comme un album de photos familial.
Grâce à Garry Marshall, nous avons l’impression d’appartenir à la tribu des stars, non pour les paillettes mais pour les émois que nous avons partagés en commun.
Dans cette galerie de portraits se distinguent bien-sûr Juliette Roberts mais aussi un homme qui a joué dans tous les films du grand réalisateur, son ami : Hector Elizondo. Cet artiste caméléon d’origine portoricaine qui change chaque fois de look pour ses personnages et ennoblit la fonction de second rôle apparait au moment le plus inattendu comme pour faire un clin d’œil au spectateur.
En fait, voilà le secret : Garry Marshall a su créer une complicité, un lien fort, entre lui et son public. Il avance vers nous, il crève l’écran et il nous tend la main pour nous inviter à le rejoindre dans sa légende.
Garry Marshall a reçu plusieurs distinctions dont le Valentine Davies Award en 1995 et son étoile Hollywood Walk of Fame est gravée côté sud du bloc 6800 d’Hollywood Boulevard, là où l’aventure d’une certaine Pretty Woman commence.
Albertine Gentou