La Belle époque, une comédie dramatique française écrite et réalisée par Nicolas Bedos, sortie en 2019.
Par Albertine Gentou
Disponible sur Canal +
La Belle époque, le film d’un surdoué
Nicolas Bedos, l’irrévérencieux chroniqueur télé de On n’est pas couché, auteur de quatre pièces de théâtre et de plusieurs ouvrages, ne compte plus les faits d’armes. Avec lui, chaque réplique, chaque mot doit atteindre sa cible. Ce qu’il exécute à merveille.
Insolent, irrévérencieux, insupportable, autant d’adjectifs pour le qualifier tout du moins jusqu’en 2015. Puis il disparait des radars.
Quand on le retrouve en 2017, il s’est métamorphosé en réalisateur. En acteur aussi. Mais cela n’est pas nouveau. Nous l’avons vu parader dans une petite dizaine de films. Quoiqu’il en soit, il revient en 2017 pour nous présenter son premier long-métrage, Monsieur et Madame Adelman. Un coup d’essai qui se transforme en coup de maitre puisqu’il remporte 2 Césars, celui du meilleur premier film et celui de la meilleure actrice pour Doria Tillier, sa complice et partenaire.
En 2019, Nicolas Bedos récidive avec La Belle époque et replonge dans les années 1970, une époque qui l’inspire. Rebelote : le film remporte 3 césars, celui du meilleur scénario original, celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Fanny Ardant et celui des meilleurs décors pour Stéphane Rozenbaum. Mais l’alchimie d’un film ne se résume pas qu’à une collection de statuettes… Et voici pourquoi.
La Belle époque, une comédie dramatique et sentimentale à multiples tiroirs
Lorsque l’on parle du meilleur scénario original, que devons-nous retenir : le meilleur ou l’original ? Pour ma part, je voterai pour le plus original. Une histoire à tiroirs avec jeux de miroirs. Son pitch en est simple. Un sexagénaire, désabusé et en fin de course, souhaite revivre la semaine la plus marquante de son existence quand il a rencontré quarante ans auparavant son grand amour… Une femme, son épouse, qui est devenue une enquiquineuse de première. Cette expérience au cœur des années 1970 est possible grâce à une start-up d’un nouveau genre Les Voyageurs du temps qui offre à ses clients la reconstitution historique de l’époque de leur choix.
Et en avant la musique ! Avec multiples plongées dans de faux flash-backs. Des retours sur image dans le temps actuel. Les personnages se croisent, se séparent, se disputent, se retrouvent dans des scènes magistrales où les cœurs se déchirent et la vérité frappe. En un mot et un seul : du grand art.
La Belle époque, une kyrielle de comédiens admirablement dirigés
Daniel Auteuil, en sexagénaire désabusé qui rajeunit au fur et à mesure qu’il redécouvre les émoustillements de sa jeunesse, est splendide d’humanité.
Doria Tillier, la belle actrice qui interprète Margot, l’amour de jeunesse dans la reconstitution, est toujours aussi pétillante, aussi juste, aussi ébouriffante que dans chacun de ses films. Elle nous offre en bonus la reprise d’une chanson de Janis Joplin, l’acid rock-star, la Mama cosmique et psychédélique de Woodstock… Oui, oui, je sais. C’est une autre époque ! Toujours est-il que le magazine Rolling Stones a classé cette artiste vingt-huitième parmi les cent plus grands chanteurs de tous les temps. Bref ! Dans La Belle époque, Doria entonne la ballade Me and Bobby Mc Gee de Janis Joplin. Sa voix claire et puissante ressuscite ce titre légendaire et créé un instant de communion inoubliable. Merci Doria !
Fanny Ardant, elle, joue avec délice et délectation l’enquiquineuse, la briseuse de rêves et passe par toutes les facettes qu’une femme peut offrir quand elle n’est pas dupe du jeu dans lequel elle s’enfonce. Un rôle sur mesure et cousu main à même la peau. Un rôle à récompense méritée.
Guillaume Canet, quant à lui, est le directeur des Voyageurs du temps et accessoirement l’amant de Margot, la belle actrice. Mise en scène et mise en abyme se succèdent. La jalousie pointe son nez. Et le personnage de Guillaume Canet se révèle alors un double masculin de Fanny Ardant, fragile et destructeur, en attente de rédemption. Superbe et romantique !
La Belle époque, l’œuvre d’un auteur amoureux de l’amour
Alors récapitulons… L’intrigue est simple. Il s’agit de plusieurs couples. Ceux qui se chamaillent au départ. Ceux qui se font et se défont au hasard de la reconstitution. D’autres qui se forment ou reforment au final. Sans jamais tomber dans la complaisance ni le cynisme. Tous composent une histoire d’amour. Une ou plusieurs, qu’importe, c’est la même. L’histoire se déroule tandis que le réalisateur veille d’un regard bienveillant sur sa troupe et la dirige avec ce quelque chose que l’on nomme amour. Dans une démesure grandiose.
Albertine Gentou
La Belle époque,
un film de Nicolas Bedos d’après son scénario original
Avec Daniel Auteuil, Doria Tillier, Fanny Ardant, Guillaume Canet, Pierre Arditi.
date de sortie 2019