La série des Spellman entre à la fois dans les domaines de la chick lit’, de la comédie policière, de la saga familiale déjantée et de la comédie romantique. Il m’a fallu trois opus pour apprécier pleinement leur univers, mais avec celui-là, je suis en plein dedans. Impossible de le lâcher avant de l’avoir terminé – ce que j’ai fait en deux jours !
On retrouve donc une nouvelle fois la délirante famille de détectives privés, plus névrosés que jamais : chez les Spellman, on n’a pas d’album photos sur chacun des enfants mais des « dossiers » (avec empreintes digitales plutôt que peinture avec les doigts), on ne pose jamais de question directe, on préfère mettre les membres de sa famille sur écoute, on ne demande pas une faveur mais on se fait chanter les uns les autres pour obtenir ce qu’on veut… Pas étonnant qu’Isabel Spellman dite Izzy, l’héroïne de la série, 31 ans cet opus, finisse chez le psy après avoir fait suffisamment de conneries pour alimenter les deux premiers « documents ».
Les retranscriptions des séances de cette dernière sur le divan valent leur pesant d’or. Izzy a développé diverses méthodes imparables pour faire passer le temps en thérapie :
– Commencer par des banalités. Parler du temps, de la circulation ou faire des commentaires sur la déco.
– Réfléchir longuement et profondément avant de répondre à chaque question. Surtout avoir l’air pensif pendant le silence (Elle maîtrise parfaitement l’art du silence prolongé).
– Poser des questions personnelles au thérapeute.
– Demander à quelqu’un de frapper à la porte et en profitera pour se sauver (ne l’a jamais fait, mais est sûre que ça marcherait !)
Pourtant, après s’être une fois de plus mise dans des situations impossibles (comme perdre son boulot, se retrouver à la rue et squatter chez son frère sans qu’il soit au courant…) Izzy la rebelle va peu à peu apprendre à grandir et même, miracle, à communiquer avec ses proches sans que ses dialogues ressemblent à un interrogatoire de police. Certes, de là à dire qu’elle a enfin atteint la maturité, il y a encore du boulot, mais disons que c’est en bonne voie.
Pour corser le tout et se prouver qu’elle est malgré tout une bonne détective privée, Izzy de lance en solo dans « l’affaire de la si peu soupçonneuse épouse d’Ernie Black qui ne le trompe probablement pas » et on l’y suit avec plaisir car avec elle, c’est toujours rock’n roll !
On peut dire que Lisa Lutz sait creuser son sillon avec efficacité. Avec les Spellman, elle a créé une famille en or d’un point de vue littéraire et humoristique. Depuis, elle développe la psychologie de ses personnages jusqu’à nous les rendre de plus en plus irrésistibles et les mène par le bout du nez dans des situations ubuesques pour notre plus grand plaisir.
Que celles et ceux qui n’ont pas lu les deux premiers « documents » se rassurent, on comprend tout à fait l’intrigue en entrant directement dans le troisième volume. Des appendices en fin de livre nous donnent des infos sur tous les personnages principaux. A lire avant de commencer pour ne pas se sentir largué.
En plus, les deux premiers volumes sont disponibles en poche.
Alors là, les séances de psy d’Izzie m’ont vengé de mes propres séances psy !!! Un bonheur, ce troisième opus !